Nous sommes en décembre et cela fait quatre jours que nous sommes sous une tempête avec des pluies particulièrement importantes, des coups de vents forts, des coups de tonnerres à répétition et un océan déchainé. 

Hier soir, avant le couché du soleil j’ai décidé d’aller courir… et de jouer avec l’océan. J’ai laissé ma voiture sur le parking des Estagnots. Pieds nus et short, je m’élance sur le sable direction Le Penon. Le froid est saisissant. Le vent violent en provenance de l’océan projetait des gouttes de pluies froides qui s’écrasaient violemment sur mon visage. Les impacts étaient furieux et répétés. Tout comme les mouvements désordonnés des vagues qui se répandaient dans d’énormes combats imprévisibles de particules d’eau. La bataille entre la force du vent et la houle, l’écume, les embruns, le bruit des vagues en rafale, faisait rage. Au nord, un ciel assombri de nuages noirs, lugubres, annonçait sans doute un danger supplémentaire, une détresse, une ligne de convergence critique où la grêle, comparable à celle qui s’est abattue le matin, doit certainement s’y employer. Personne ne voudrait s’y aventurer. Mieux vaut déserter !

Pourtant, dès l’instant ou l’eau, par sa langue mouvante, lèche mes pieds, je ressens cette force vivante s’harmoniser avec toutes les cellules de mon corps. Le froid n’est pas perceptible. Je cours au gré des langues d’eau lécheuses de sables, jusqu’à hauteur de cuisses. La force du courant est intense. Il resserre son étau et rétracte les langues d’eau pour attirer sa proie vers le large. Il n’y pas de combat, mais plutôt une danse qui accorde ma présence et la colère de l’océan. 

On peut y voir de nombreuses métaphores avec ce qui nous arrive aujourd’hui. 

Pendant plus de quarante cinq minutes, l’océan et moi, nous jouons, nous partageons, nous sommes vivants !

L’énergie que nous échangeons élève mon coeur et l’engouement pour cette nature puissante et imprévisible m’inspire la création de la vie et notre destinée. La vague énorme, monstrueuse secouant la frêle embarcation. Je fais partie de ce mouvement de vie, je suis artiste de ma vie, je suis la nature dans sa force de vie.

Je m’attarde, les pieds remués par la force du courant, face à ce déchainement, de l’eau jusqu’aux cuisses, dans une contemplation et une admiration. La méditation n’est pas que silencieuse elle s’accorde aux mouvements. Ce face-à-face est intense, il reflète le miroir de mon être.

Ce mouvement infini me fascine, il est substance et fugitif, ma vie s’y accorde tel l’instrument de musique, telle une partition pour donner sa note juste. 

Son contact m’est indispensable pour donner corps à la vie.

Ce matin j’ai reçu un message d’une amie chère (texte ci-dessous), qui s’inscrit dans cette expérience de la veille avec l’océan. 

Je voulais le partager pour vous donner goût à vos coeurs d’enfants. 

« Et si vous vous réveillez un jour à 65 ou 75 ans et que vous n’avez jamais écrit vos mémoires ou votre roman, ou que vous n’êtes pas allé nager dans des piscines et des océans chauds pendant toutes ces années parce que vos affaires étaient agitées et que vous aviez un ventre bien confortable, ou que vous étiez tellement accroché au perfectionnisme et au plaisir des gens que vous avez oublié d’avoir une vie créative bien remplie d’imagination et de folie radicale et de regarder dans l’espace comme quand vous étiez enfant ? cela va vous briser le cœur. Ne laissez pas cela se produire ».

– Anne Lamott – 

https://oliviermortara.com

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It is December and it has been four days since we have been under a storm with particularly heavy rain, strong gales, repeated thunderstorms and a raging ocean. 

Last night, before sunset, I decided to go for a run… and play with the ocean. I left my car in the Estagnots parking lot. Barefoot and shorts, I set off on the sand towards Le Penon. The cold is striking. The violent wind coming from the ocean was projecting cold raindrops that were crashing violently on my face. The impacts were furious and repeated. As were the disorderly movements of the waves that were spreading in huge and unpredictable fights of water particles. The battle between the force of the wind and the swell, the foam, the sea spray, the sound of gushing waves, was raging. To the north, a sky darkened by dark, gloomy clouds undoubtedly heralded an additional danger, a distress, a critical line of convergence where hail, comparable to that which fell in the morning, must surely fall. No one would want to venture there. It is better to desert!

Yet, from the moment the water, with its moving tongue, licks my feet, I feel this living force harmonizing with all the cells of my body. The cold is not perceptible. I run along the sandy licking tongues of water, up to thigh height. The force of the current is intense. It tightens its vise and retracts the water tongues to attract its prey towards the open sea. There is no fight, but rather a dance that grants my presence and the anger of the ocean. 

We can see many metaphors with what is happening to us today. 

For more than forty-five minutes, the ocean and I play, we share, we are alive!

The energy we exchange lifts my heart and the infatuation for this powerful and unpredictable nature inspires me to create life and our destiny. The huge, monstrous wave shaking the frail boat. I am part of this movement of life, I am the artist of my life, I am nature in its life force.

I linger, my feet stirred by the force of the current, facing this outburst, water up to my thighs, in contemplation and admiration. Meditation is not only silent, it is also in tune with movement. This face-to-face is intense, it reflects the mirror of my being.

This infinite movement fascinates me, it is substance and fugitive, my life is tuned to it like a musical instrument, like a score to give its right note. 

Its contact is indispensable to me to give body to life.

This morning I received a message from a dear friend (text below), which is part of this experience of the day before with the ocean. 

I wanted to share it to give you a taste of your children’s hearts. 

« What if you wake up some day and you’re 65 or 75 and you never got your memoir or novel written ; or you didn’t »t go swimming in warm pools and oceans all those years because your things were jiggly and you had a nice big confortable tummy ; or you were just so strung out on perfectionism and people-pleasing that you forgot to have a big juicy creative life of imagination and radical silliness and staring off into space like when you were a kid ? t’s going to break your heart. Don’t let this happen. »

– Anne Lamott – 

https://oliviermortara.com

07/12/2020